GUYNEMER
Quel malheur qu’un tel être, qui touchait au sublime, soit mort sans avoir laissé au moins un fils ! a-t-on dit.
Pas laissé de fils, Guynemer ? Allons donc ! Il a laissé derrière lui tous les enfants de France, tous ceux qui portent un idéal au cœur, tous les écoliers qui, de génération en génération, se passeront de main en main le flambeau et que tous les maîtres devraient, chaque année, faire lever à leur banc, pour écouter debout et au garde-à-vous lecture de ses citations.
C’est dans l’âme des jeunes
que Guynemer a fait passer la sienne. C’est en eux qu’il revit et revivra
toujours. Le grain de blé meurt-il, qui renaît 
perpétuellement
dans l’épi ?
Aux heures graves de l’avenir, si la patrie doit connaître à nouveau le péril, alors, comme le grain de blé fait lever du sillon les épées d’or d’innombrables épis, le seul nom de Guynemer jeté au vent fera jaillir du vieux sol de France des moissons de pilotes qui, à bord de leurs avions timbrés de la cigogne, s’envoleront en rangs serrés pour monter à l’assaut du ciel.
(René CHAMBE)
